Le 5 juillet 2018, je me levais à 5h du matin pour écrire sur un sujet qui monopolisait tout mon esprit : est-ce que je pouvais vivre de ma passion ? Je vous proposais alors ce premier article sur le sujet.
Le 7 février 2019, je voulais vous donner une suite logique, un début de réponse et je revenais vers vous avec une rétrospective des 6 derniers mois.
Le 8 mai 2020, je revenais vous donner un debrief de mes différentes tentatives un an et demi plus tard.
Aujourd’hui, le 6 novembre 2021, je vous propose une rétrospective entrepreneuriale de trois ans et demi : quel est mon état d’esprit ? Ai-je réussi à atteindre mes objectifs ?
Retour sur plus de 3 ans d'écriture
C’est avec nostalgie que je relis mes différents articles et que je me remémore les périodes où je les ai écrits. Et si finalement j’écris pour moi-même et si peu de gens me lisent ça n’est pas grave, je me rends compte qu’avec du recul c’est très instructif !
A l’heure où j’écris, ma situation entrepreneuriale n’est pas forcément celle dont je rêvais mais je vois qu’en mai 2020 j’écrivais en fin d’article :
Mais finalement si la vie nous met des bâtons dans les roues, mieux vaut savoir rebondir et se servir des bâtons pour aller plus loin non ?
A croire que je m’étais laissé une note pour le futur.
Le temps entre chaque article est de plus en plus long mais je crois que j’ai compris une chose essentielle à propos de l’aventure que je vis : rien n’est figé et je dois absolument apprendre à prendre du recul avant de foncer tête baissée. Parce que oui, cette manie de m’emballer à propos de tout et foncer sans réfléchir m’aura fait défaut plus que d’habitude sur cette dernière année et les conséquences de mes décisions seront peut-être différentes de celles que j’attendais.
Alors comme d’habitude, je vous propose de découvrir en toute transparence les étapes que j’ai traversé (et que je traverse encore aujourd’hui). Peut-être que cela fera écho à certains d’entre vous et que cela pourra vous montrer que vous n’êtes pas les seuls à traverser ce genre de période dans votre aventure entrepreneuriale.
Note à moi même n°1 : vendre sa société, ça n'est pas si simple
Rappelez-vous, je lançais en 2015 ma première entreprise, en auto-entreprise. Cette activité de visites à domicile pour animaux grossissait chaque année jusqu’à me permettre de tout quitter en 2018 pour décider d’en vivre.
Le chiffre d’affaires et non le bénéfice étant imposable sous le statut d’auto-entreprise, je crée donc une EURL en 2019 pour éviter de crouler sous les charges et constituer une vraie équipe de petsitters sur Nantes. Puis c’est en 2020 que je quitte Nantes pour Paris et que je reprends une activité salariée.
Malgré l’équipe sur place qui continue de faire des gardes à domicile, je garde le plus gros du travail : faire les plannings, les devis, les factures, la gestion des réseaux sociaux … Et mine de rien ça me prend énormément de temps. Je devais à la base fermer l’activité en partant mais avec une aussi grosse base de clients et d’habitués je ne me sentais pas de les « abandonner » (oui Colette, les sentiments ça ne doit pas être conducteur pour avoir un business rentable). Je continue donc de cumuler cette partie sans rien m’en tirer tout en essayant de faire grossir mon activité de e-commerce et m’investir dans un travail salarié.
Au bout de plus d’un an à piloter tout ça à distance j’en arrive à la conclusion suivante : je n’y prends plus de plaisir comme je ne fais que de l’administratif et la passion du départ n’est plus au rendez-vous. J’ai toujours envie de faire bouger les choses pour les animaux et leur bien-être en France mais je veux pouvoir le faire moi-même et non le déléguer à distance.
Je décide donc de mettre en vente l’activité de garde d’animaux en me disant que le plus dur sera de trouver une personne pour reprendre l’activité. Mais que nenni. Je trouverai finalement la personne idéale pour reprendre la société très rapidement malgré le nombre de demandes que je reçois. Ce n’est pas du tout ça le plus compliqué, ça sera (et c’est toujours) l’administration française.
Parce qu’on ne vend pas une société tous les jours, je pense que beaucoup de paramètres m’ont échappés malgré le fait que je me sois renseignée au maximum. Je pensais qu’une fois la personne trouvée, il suffirait de signer les documents, l’argent serait reçu et basta. Sauf que non, ça n’est absolument pas si simple.
Pour vous épargner les détails, nous avons travaillé conjointement pendant 6 mois sur la reprise, elle a dû faire un prévisionnel, une étude de marché, convaincre une banque. Ensemble nous avons dû signer une promesse de vente, attendre la validation du prêt puis ensuite signer la vente de la société.
Vous pensiez que c’était tout ? ABSOLUMENT PAS. Puisque j’ai ensuite eu le plaisir d’apprendre que l’état, en plus de me prendre 30% de l’argent de la vente pour une société avec laquelle je ne me suis rien versé pendant plusieurs années, allait conserver cet argent entre 3 à 6 mois. Donc :
- l’argent de la société que j’ai créé et pour laquelle je ne me suis rémunérée qu’un an sur six et dont le prix de vente représente une miette de pain par rapport à mon temps de travail va revenir à l’état pour 30% (ce qui est énorme)
- ce même argent qui doit retourner dans la société toujours vivante pour aider à la développer va être retenu jusqu’à 5 mois, me laissant sans fond de roulement jusque là
Je crois que pour le coup, j’ai rarement été aussi dégoutée du système français concernant le sujet des sociétés. Parce que oui, arrêter une activité aussi importante que celle-ci c’est se priver d’une rentrée massive d’argent, de fond de roulement et pendant ce temps là rien ne se passe et aucune aide n’existe.
Note à moi même n°2 : apprendre à prendre des décisions stratégiques
Un des plus gros « problème » quand on est hypersensible c’est d’apprendre à prendre du recul pour prendre de bonnes décisions. Je crois que tous ceux qui me connaissent personnellement pourront attester de ma manière à foncer tête baissée et à réfléchir après.
Cette année 2021 aura été l’illustration ultime de cette tendance et m’aura fait prendre conscience qu’il est vital pour mes projets de commencer à me poser avant de prendre une décision.
Jusqu’ici je n’avais pas eu à faire face à des décisions trop pénalisantes mais avec la vente de l’activité qui faisait tourner la société j’ai dû me rendre à l’évidence : je devais maintenant être rentable ou du moins à l’équilibre sans la source de revenu principale de la société.
Sauf que ça n’est pas la première chose qui m’est venu à l’esprit quand j’ai décidé de stopper la première activité de la société. Je me suis donc retrouvée à continuer à agir comme avant avec des dépenses toujours aussi importantes : participer à des salons, mettre en place des actions marketing … Que des actions que j’ai mené avec plaisir mais qui n’étaient pas nécessaires pour le e-commerce et que j’aurai pu remettre à plus tard pour consolider les bases.
J’ai donc appris à mes dépends et aux dépends de la société que mes décisions avaient maintenant un impact majeur sur la survie de mon projet. Ce projet que je tente de maintenir depuis des années au péril de ma vie sociale, mes économies et ma santé mentale. Et la chute fut une nouvelle fois rude.
Parce que le contexte du covid, l’URSSAF et ses cotisations c’est extérieur et je peux remettre la faute financière sur eux la plupart du temps. Mais quand les décisions qui mettent en péril ma société viennent de moi et que je n’ai personne d’autre sur qui remettre la faute; c’est terrible à réaliser et à intégrer.
Note à moi même n°3 :
prioriser les actions et arrêter de s'éparpiller
Cette année 2021 qui a été riche d’enseignements (et qui n’est pas terminée), m’aura une nouvelle fois mise devant un fait connu mais sur lequel je ne travaille pas ou peu : apprendre à prioriser et à me concentrer sur une action à la fois.
Pourtant, je n’ai jamais eu peur de m’ennuyer, à vrai dire j’en rêve. Mais j’ai peut-être un peu forcé le trait cette année avec ce besoin de combler un vide inexistant et une vie déjà bien remplie :
- je décide de vendre ma première entreprise et tout l’investissement de temps que ça m’a demandé
- je me dis qu’avoir un Master pour prouver (à qui ?) que j’ai des compétences serait pas mal, je me lance donc dans une VAE avec l’objectif de l’obtenir en moins de 6 mois
- je suis toujours salariée à temps plein sur Paris et je vis à Nantes
- je décide de relancer le salon du bien-être animal que j’ai créé
- je tente de continuer à développer mon e-commerce pour les animaux tout en faisant mes commandes, ma com’, une refonte de mon site ..
- j’ai envie d’approfondir mes connaissances donc je reprends la lecture avec une liste de livres à lire sur différents sujets psychologiques et de développement personnel (est-ce que je l’ai commencée ?)
Enfin bref, vous aurez compris de quoi il en retourne.
J’ai donc appris à accepter cette partie de moi-même en cette année 2021 qui aura servi de prise de conscience un peu rude mais nécessaire. Je veux toujours entreprendre, j’ai toujours autant d’idées mais maintenant je vais faire les choses une par une et dans l’ordre. Donc je me suis créé un modèle de post it sur mon mur face à moi tous les jours avec des choses que je dois finir avant de commencer d’autres projets. Et je m’interdis de travailler sur autre chose tant que ces étapes là n’auront pas été terminées et validées.
Vaste projet, vous vous en doutez.
"Vivre de sa passion, une lubie ?" n'était finalement pas le bon titre à cette chronique
Un peu à la Harry Potter, chaque nouvel article que j’écris sur cette chronique commencée en 2018 devient un peu plus sombre.
En fait je crois que le mot sombre n’est pas le plus adapté; je dirai que mes articles sont de plus en plus proches de la réalité à mesure que je me confronte au « monde réel« .
En fait, vivre de sa passion n’est pas une lubie, c’est un projet génial qui devrait parler à tout le monde ! Je pense que la lubie se situe finalement dans l’idéalisation que nous nous faisons du monde de l’entrepreneuriat. Cette facette très sexy que nous offrent les articles sur les startups à succès, les posts bullshit de LinkedIn et les auto congratulations.
« Vivre de sa passion » dépend de chacun : de son projet, de sa vision du succès, de son épanouissement personnel. Et la réalisation de ce projet et ces années qui vont s’écouler vont en fait nous mettre face à nous-même : il faut apprendre à accepter l’échec, se confronter à ses erreurs, se relever et recommencer jusqu’à ce que cela fonctionne. Il faut aussi apprendre en chemin à s’accepter, apprendre à contourner ses faiblesses et mettre en place des mécanismes pour palier à ce que nous ne savons pas faire.
Alors je conclurais par la même phrase par laquelle je terminais mon article de 2020 et commençais celui-ci :
Mais finalement si la vie nous met des bâtons dans les roues, mieux vaut savoir rebondir et se servir des bâtons pour aller plus loin, non ?