Comment j’ai été victime d’une psychanalyste pervers narcissique

You are currently viewing Comment j’ai été victime d’une psychanalyste pervers narcissique

Si je décide d’en parler aujourd’hui c’est avant tout pour moi, parce qu’écrire me fait du bien. Mais je me dis aussi que si, par le plus grand des hasards, quelqu’un qui vit ou a vécu la même chose passe par ici, cela pourra lui apporter quelques éléments éventuellement manquants.

Ce que je vais vous exposer ici reste une expérience personnelle qui n’est pas encore pleinement digérée. La période s’étend de février à septembre 2021, information important comme je vais contextualiser cette descente aux enfers que j’ai vécu.

Pourquoi ai-je été consulter une psychanalyste ?

J’ai déménagé à Paris en 2019 pour reprendre une activité salariée alors que j’ai énormément de mal à me sentir bien dans ce milieu. Covid et salariat dans un environnement inconnu et sans relations sociales, ça a fait mauvais ménage et je me sentais vraiment mal depuis quelques mois.

Après 3 changements de travail salarié liés au covid, des mois de télétravail et un appartement insalubre, je sentais que ça n’allait plus. Malgré l’entrepreneuriat et ce qui m’anime habituellement, j’ai cette impression de plus en plus présente de « brasser du vent » et d’être une imposteur.

A la recherche d’un psy pour m’accompagner, on me donne un nom : diagnostiquée surdouée, plusieurs doctorats en psychologie et en philo, elle exerce depuis 1965 sur Paris et semble être la personne parfaite pour m’accompagner.

Sur le papier c’est donc la personne idéale et je m’empresse de la rencontrer pour un premier rendez-vous. Elle ne me laisse alors pas le choix : si je veux aller mieux je dois venir deux fois par semaine pour une psychanalyse. Aucun paramètre n’est négociable tant sur le rythme que le moyen de règlement (exclusivement en liquide).

La psychanalyse : mon objectif

En quête d’identité et de compréhension depuis des années, j’aborde le faux self qui m’entoure, le fait d’avoir l’impression d’être une imposteure depuis le début etc. Je viens avec un objectif précis que je lui expose dès la première séance.
Je me rendrai compte quelques mois plus tard que cet objectif aura totalement été mis de côté et n’aura plus jamais été abordé.

Je me suis ouverte comme je ne l’avais jamais fait avec un professionnel, j’ai vraiment d’avoir enfin trouvé LA personne qui saura me comprendre et me guider à travers ce tumulte d’émotions et d’incompréhensions qui m’anime dans la vie. Quelle grossière erreur je fais alors.

Elle m’aura tellement aidé à sortir d’un soi disant faux-self que je me retrouve 6 mois plus tard entièrement vide, déprimée et aux abords de la dépression. Parce que les faux-self c’est quelque chose de commun pour les zèbres, je l’ai déjà vécu et je m’en suis déjà sortie. Mais là, elle ne m’aura pas aidé à sortir d’une nouvelle phase de fausse identité, elle aura complètement détruit et sapé ce qui m’anime et mes valeurs.

Son approche "bienveillante"

Quelle était son approche ?

Eh bien c’est très simple, elle avait un ascendant énorme sur moi. Si je voulais arrêter elle me menaçait de manière très sévère en me disant que si je voulais ralentir le nombre de séance la thérapie s’arrêtait là et qu’elle ne voulait pas s’embarasser de quelqu’un de non motivé. Dès que j’abordais des problématiques financières (parce que deux séances par semaine à Paris c’est un salaire entier concrètement), elle me disait que c’étaient de fausses excuses, que je me mentais à moi-même.

Alors quand on est dans un moment de fragilité, qu’on consulte parce qu’on sait qu’on a besoin d’aide : on acquiesce. Cette personne sait forcément mieux que moi, non ? C’est elle la ponte dans le domaine et elle en a vu passer toute sa vie des personnes dérangées comme moi.

Elle avait parfois des mots très durs envers les personnes de mon entourage, un jugement énorme et la plupart du temps une approche très ironique de ce qui m’arrivait. Comme si elle me méprisait la plupart du temps.

Mais en parallèle elle me disait qu’elle m’appréciait beaucoup, qu’elle me disait des choses à moi et pas à ses autres patients parce qu’on était « proches » et toute tentative de départ était rendue veine parce que je culpabilisais.

Après plusieurs recherches et échanges sur internet, je découvre alors bien plus tard que c’est un processus inhérent aux pervers narcissiques : ces passages de douche chaude / douche froide qui font qu’on se sent mal puis rassuré. Que la personne nous semble cruelle un jour mais que deux jours plus tard, sur la séance suivante, elle semble tout comprendre de nous et nous complimente ou nous dit des choses touchantes.

La création d'un sentiment d'exclusivité et la démolition intérieure

Parce que évidemment : s’ouvrir à une psychanalyste PN c’est ouvrir entièrement tous ses mécanismes de défense et de réassurance. Quel plaisir alors de jouer avec les blessures et de les refermer quelques jours après (enfin, j’imagine qu’elle en était bien consciente, ce qui la rendait redoutable).

Elle m’a dit à de nombreuses reprises que je me prenais pour quelqu’un d’important alors que je n’étais personne « Regardez j’ai plusieurs doctorats, je suis la fille de … et je ne me comporte pas comme vous ». Elle m’a fait comprendre et intégrer que j’avais un égo surdimensionné, qu’elle avait rarement vu ça.
En parallèle je me sentais de plus en plus nulle, merdique et tout ce qui me rendait fière dans mes accomplissements pro apparaissait comme une mascarade (j’ai monté 3 boîtes et j’avais honte d’en parler devant elle tant elle diminuait ce que j’avais fait).

A tel point que je décide alors de fermer mes sociétés créées autour du bien-être animal. Ma bouffée d’oxygène, ce qui fait que je me sens utile, ce qui me rend fière, ce n’était que poussière face au monde et face à des personnes aussi intelligentes qu’elle. Je ne mérite alors même pas le statut de HP : elle me dit clairement que j’ai monté ça de toute pièce et que je me suis monté la tête depuis plusieurs années en me créant un profil qui y ressemble par envie d’être exceptionnelle.

Et ça, elle va me le répéter à chaque séance, plusieurs fois par semaine.

C’est aujourd’hui et après coups que je fais des recherches sur la psychanalyse et les pervers narcissiques. Je trouve alors une phrase dans un article qui me parle énormément car c’est exactement ce que j’ai vécu :

[…] L’analysant suppose que la cure analytique va lui permettre d’aller mieux, et que sur le divan il va pouvoir tout dire, et être entendu. Le problème est que pour les psychanalystes purs et durs la guérison « réparation » est un but impossible à atteindre, pour lequel ils n’ont d’ailleurs que mépris. Les paroles et le ressenti de l’analysant ne les intéressent pas plus. Seul compte la vérité de l’inconscient de l’analysant supposé insu, et opposé à sa conscience. Cela donne des cures où l’analyste va casser consciencieusement un à un tous les repères de l’analysant-e, au point de l’assujettir, et lui faire perdre la raison parfois

Source : Sophie ROBERT, Réalisatrice

La descente aux enfers​

Pour mieux comprendre la dégringolade après des mois de séances destructrices, je vous propose de reprendre les faits dans l’ordre chronologiques. Rappelons que la psychanalyse a commencé en février à rythme de deux séances par semaine, séances desquelles je sors en pleurs (je passe ensuite généralement des nuits blanches à déconstruire entièrement ma vie).

Juillet 2021

Suite à l’anéantissement total de mon peu d’estime de moi, je décide qu’à partir de maintenant je ne parlerai plus de mes entreprises en public, que je ne me mettrai plus en avant et que je ne suis plus personne « d’exceptionnel », que je n’ai rien à apporter aux autres.

S’ensuit deux semaines extrêmement compliquées où plus rien ne me fais rire, je suis apathique et je me demande à quoi je sers, pourquoi je suis là si je suis tellement nulle et inutile.

Je décide de repartir sur Nantes après deux ans sur Paris car ma famille s’y trouve et je sais que je serai moins seule que sur la capitale où je ne connais personne en dehors de mes collègues et mon conjoint.

Je sais que je suis sur une pente descendante qui peut m’amener sur une dépression mais je suis plutôt dans un état de « déprime » permanente. 

Août 2021

Ma psychologue est en congés, je ne la revois pas avant mon déménagement mais elle prend de mes nouvelles par sms une fois ou deux ce que je trouve très gentil. Elle s’inquiète de savoir où en est mon déménagement et comment je vais (je traverse alors une période compliquée côté familial).

Nous convenons de continuer la thérapie par téléphone (le choix ne m’est pas vraiment donné à vrai dire). Elle m’appellera alors comme avant : deux fois par semaine au même prix et à la même heure.

Septembre 2021 : l’enfer commence

Poser les rdv téléphoniques se trouve plus compliqué que prévu : en effet je suis moins disponible car je travaille toujours sur Paris et surtout j’ai envie de me reconstruire. Nous passons donc sur une séance/semaine parce que financièrement je ne m’en sors pas avec la caution de Paris et de Nantes pas encore remboursé.

Elle me dit que toutes ces excuses ne sont des excuses pour arrêter la thérapie, que je lui ai menti et que je ne suis plus motivée. Que j’ai déménagé pour fuir ma psychanalyse et elle me rend encore plus mal : je n’ai jamais déménagé pour cela ! Je souhaitais juste rentrer « chez moi » après deux ans de confinement seule et sans connaître personne.

Deux séances se passent, chaque fois elle me reproche de fuir la thérapie, me met dos au mur et m’accable comme si je devais m’excuser d’avoir déménagé.

Je reçois même des sms en dehors du cadre de nos séances (parfois difficilement lisibles) pour m’accuser de ne plus vouloir être suivie, que je fuis mes responsabilités et que je suis lâche.

Un vendredi, alors que je suis malade et je sais que je ne serais pas en forme pour la séance je la préviens donc par sms à 10h du matin pour la séance de 16h. A savoir que je n’ai JAMAIS manqué une séance depuis le départ et que je la préviens en début de journée une fois sûre que je n’irai pas mieux.

Et là vont s’ensuivre des sms abjects où elle se moque de moi, me dit que je ne suis pas malade, que je devrai arrêter de mentir et que je lui fais perdre son temps. Je reçois alors une trentaine de messages écrits où elle est ironique et au lieu de me dire « ok bon rétablissement à la semaine prochaine » elle va enchainer pendant 3h par écrit en me disant que je ne suis qu’une moins que rien.

Bref je pourrai en dire plus mais vous avez compris.

Le mardi suivant et notre prochaine séance arrive, elle m’envoie un sms quelques heures avant « Est-ce que cela vaut le coup que je vous attende ». Je lui dis que oui, le rdv est convenu « Ah, alors vous n’êtes pas malade aujourd’hui ».

Je décide alors de lui dire stop au début de la séance car je n’en peux plus : je suis stressée, j’ai la boule au ventre et j’ai l’impression qu’elle va venir me punir et me dire que je suis encore une personne avec un égo surdimensionné alors que je suis déjà au fond du trou.

La fin de la relation

Et ça ne loupe pas.

J’aborde le sujet dès le début et là, je me fais rabaisser par téléphone comme rarement dans ma vie : elle me dit qu’elle n’a pas à s’excuser de son comportement, que je me prends pour dieu et qu’elle devrait me remercier de l’avoir laisser me faire des séances de psy. Elle répète de manière ironique sans m’écouter « je vous présente mes excuses votre majesté »

Impossible de me faire entendre, je coupe cours et lui demande le nom d’un confrère pour continuer la thérapie, ce à quoi elle me répond « Vous n’avez qu’à chercher vous même » et me raccroche au nez.

Sauf qu’elle va ensuite m’envoyer de longs sms toutes les 10 minutes pendant une heure pour se moquer de moi, utiliser mes peurs et ma thérapie contre moi. 

Je n’ai répondu à rien.

Les deux semaines qui ont suivi ont été atroces, aujourd’hui cela fait un mois et demi et même si je me sens mieux, j’y pense encore TOUS les jours. J’essaye de démêler tout ce qu’elle me dit en psychanalyse depuis le départ pour savoir le vrai du faux et je ne m’en sors pas toujours. Comment savoir quelles décisions ont été prises de mon propre fait et quelles décisions m’ont été soufflées ?

Alors que je pensais que tout était terminé, j’ai reçu d’autres sms encore plus abjects un mois après : elle se fait alors passer pour son mari qui est médecin. Elle prétend que je l’ai approché et me dit des choses tellement obscènes que je replonge dans la tourmente. « Est-ce moi le problème ? »

Se remettre d'une relation avec un pervers narcissique

Dans toutes mes lectures de ces dernières années j’ai vu que le PN était attiré par les profils HP. Je les ai toujours parcouru en diagonale car je me suis toujours dit que je n’étais pas concernée. 

Aujourd’hui je me rends compte de la dangerosité d’un tel profil : au premier abord très bienveillant, il colle parfaitement à notre besoin de patos et se conforme à ce que nous cherchons chez une personne : de la compréhension.

Je suis loin d’être tirée d’affaire et j’ai la chance d’avoir déménagé pour mettre de la distance dans cette relation toxique. Si je n’étais pas partie (pour d’autres raisons que la psychanalyse), je ne sais pas où j’en serai aujourd’hui.

La grand question que j’ai depuis est la suivante : est-elle consciente de ses actes ? De sa perversion ? Car de tels actes et de telles paroles sur une personne fragile peuvent coûter très cher pour un praticien. 

J’ai la chance d’avoir retrouvé un environnement connu et réconfortant en rentrant dans ma ville de cœur et ai pu être entourée au moment des faits. Je ne sais absolument pas ce qu’il se serait passé si j’étais restée à Paris à son contact plusieurs fois par semaine.

Laisser un commentaire