Le 5 juillet 2018, je me levais à 5h du matin pour écrire sur un sujet qui monopolisait tout mon esprit : est-ce que je pouvais vivre de ma passion ? Je vous proposais alors ce premier article sur le sujet.
Le 7 février 2019, je voulais vous donner une suite logique, un début de réponse et je revenais vers vous avec une rétrospective des 6 derniers mois.
Aujourd’hui nous sommes le 8 mai 2020, voilà donc plus d’un an et demi que j’ai pris la décision de tout plaquer pour vivre de ma passion. Savoir si c’était possible et réalisable, si je serais plus heureuse et plus épanouie en suivant mes valeurs et mon instinct.
La vie et ses aléas
La dernière fois que je m’adressais à vous je vivais « ma meilleure vie » : j’étais dans un incubateur avec des amis entrepreneurs, j’avais un bureau, une alternante et je réussissais tout ce que j’entreprenais. La décision de tout quitter est la meilleure décision que j’ai pu prendre de ma vie sur le plan professionnel !
- J’ai organisé la première édition de mon salon qui a été un succès avec plus de 500 visiteurs et des fonds récoltés pour les associations de protection animale
- J’avais un gros chiffre d’affaires de prévu pour l’été 2019 et ai pu me constituer une équipe de 4 auto entrepreneurs pour faire face à la demande et exploser les records
- Je suis passée d’auto entreprise à EURL pour sous-traiter et enfin pouvoir acheter HT, me verser un vrai salaire et cotiser
Bref vous l’aurez compris, 2019 a été d’une croissance fulgurante, tout a été très vite et je n’ai même pas pu en profiter tellement j’ai bossé et je me suis dépassée. Maintenant j’avais un expert comptable, un prévisionnel et pour une fois j’avais enfin l’impression d’être une vraie cheffe d’entreprise avec un objectif sérieux et concret ! Une croissance exponentielle depuis 2017, la possibilité de me verser un salaire pas dégueu malgré les charges de l’état et énormément de choses en cours de développement.
Sauf que parfois la vie et ses aléas nous rattrapent et la croissance annoncée n’a pas été au rendez-vous à cause d’une suite d’imprévus catastrophiques.
Vivre de sa passion, suivre ses rêves VS la vie
Tout ce que j’ai pu entreprendre en 2019 a été grâce au chômage que j’avais cumulé suite à mes différentes années de boulot et d’alternance. Le changement de statut juridique me permettait enfin de me payer j’ai donc pu dire au revoir au chômage et aux différentes aides auxquelles j’étais éligible.
Sauf que créer une entreprise a un coût, il faut investir un capital de départ mais aussi faire les papiers, les statuts … Finalement un gros paquet d’argent s’envole mais ce n’est pas grave le projet est rentable et ne peut pas s’effondrer !
Sauf qu’en octobre 2019 ma voiture a rendu l’âme. J’avais tout investi dans ma société et n’avais plus d’argent de côté je ne pouvais pas en racheter. Sans voiture = pas de boulot comme je me rémunérais à 100% de mon activité de visites d’animaux au domicile de mes clients. Donc plus de rémunération, plus de chômage, plus de voiture, plus de bureau. Et là c’est la chute. Et c’est difficile mais il faut réagir très vite sinon c’est pire.
J’avais souvent lu et écouté des retours d’expérience d’entrepreneurs qui racontaient leur descente aux enfers alors que tout allait bien. Que parfois alors que tout était au vert ça s’écrasait pour X ou Y raison. Et je m’étais toujours dit que ça ne pouvait pas m’arriver puisque tout se passait si bien. Et j’avais tort.
Se relever sans abandonner ses rêves, ses valeurs et sa volonté de gagner
Aujourd’hui nous sommes en mai 2020, les mois derniers ont été éprouvants sur des nombreux plans mais une chose est sûre : je continue à me battre.
Suite à la perte de ma voiture, j’ai déménagé à Paris et ai repris une activité salariale : plus besoin de véhicule, tout se fait en métro ! Ne pouvant plus me verser de salaire avec ma société, j’ai placé des auto entrepreneurs sur Nantes pour maintenir mon activité tout en les sous-traitant tous les mois. La pérennité de ma société est donc maintenue : je ne me verse pas de salaire mais ça tourne et c’est le principal !
Mon activité e-commerce m’a suivie sur Paris et j’ai pu me recentrer sur elle : bosser à fond sur mon site, mon SEO, ma création de contenu (blog, Youtube) et je suis fière d’avoir remonté les résultats de rechercher Google pour être aujourd’hui en première page pour les recherches « box pour chien » et « box pour chat » devant des concurrents qui ont des équipes démesurées.
J’ai repris une activité salariée alors que j’avais dit ne plus jamais le faire. Comment ? Pourquoi ? Parce que finalement j’ai découvert qu’en cherchant bien, certains postes me permettaient d’exercer toutes mes compétences, que certaines boîtes n’étaient pas si terribles que ça.
Et j’ai découvert un tel soulagement. Vous n’imaginez même pas.
Rétrospective un an et demi en arrière
Mon activité principale était la garde d’animaux, je passais jusqu’à 10h par jour sur la route les weekends et jours fériés pour me tirer un smic (et encore). J’adorais ce que je faisais mais j’étais épuisée. Mon plaisir c’était mon site e-commerce, ma communauté autour du bien-être animal et j’avais tellement de mal à être avec eux avec ce rythme là !
Ma voiture rendant l’âme a été un déclic et un facteur déclencheur complètement inattendu. Je devais changer de modèle, je devais pivoter en moi-même et cette fois-ci pas pour mon entreprise. Par la force des choses j’ai ré appris à avoir des weekends chez moi. Pour bosser sur mon e-commerce certes mais chez moi : avec mes animaux, profiter de ma vie de couple, sortir (je n’étais pas sortie depuis des années après 22h).
J’avais toujours cru que retourner au salariat serais me parjurer parce que j’étais sûre de moi, j’allais réussir à tout faire toute seule sans équipe, sans lever des fonds ! Mais non, des fois la vie nous ramène sur terre et nous rappelle qu’on peut avoir toute la bonne volonté du monde, nous ne sommes pas tout puissant. Et parfois ça fait du bien de se remettre en question, de se poser, de s’arrêter un instant.
Ne croyez pas que la vie de salariée à Paris m’a permis de me poser, loin de là ! Mais intérieurement j’ai pu vraiment me mettre face à moi même et me dire « Ok Colette, maintenant on fait quoi ? On garde quoi ? On fait des concessions sur quoi ? »
Des concessions mais toujours autant de passion
Je suis fière aujourd’hui de dire en entretien que je suis cheffe d’entreprise, que j’ai réalisé tout ça. Je ne le cache plus comme avant. Mais je suis fière aussi de dire que j’ai su prendre la décision difficile de revenir sur mes pas, de reprendre un travail.
En revanche je sélectionne rigoureusement les annonces, je ne peux pas me résoudre à postuler partout parce que mes valeurs sont mes moteurs.
Même si j’ai parfois eu l’impression de revenir en arrière, aujourd’hui je constate que mon e-commerce décolle parce que je prends le temps de travailler dessus, j’apprécie de regarder une série dans mon canapé, de lire un livre et je n’ai plus le sentiment d’insécurité à me demander comment je vais manger le mois prochain. Et tout ça finalement grâce à une activité salariée cadrée qui m’apporte la sérénité et la sécurité de l’emploi que je n’avais plus.
Tout ça en restant en accord avec moi-même, en restant à mon écoute et en continuant sans cesse de me former, de vouloir évoluer et innover.
Alors oui, je ne parlerai pas du confinement et de la dureté de la période parce que nous sommes tous très affectés. Mais finalement si la vie nous met des bâtons dans les roues, mieux vaut savoir rebondir et se servir des bâtons pour aller plus loin non ?
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